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  • : Le blog de Jean-Marc Fauconnier
  • : Dans ce blog de textes et de poésies, vous trouverez les couleurs losanges du clown cloné ou le chapeau noir du croque-mort - en un mot: la vie.
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  • Jean-Marc Fauconnier
  • De formation scientifique, ma profession d'ingénieur écologue m'a conduit à oeuvrer pour un meilleur environnement. Mais j'ai besoin, pour bien vivre, de rêver et d'écrire.

Texte Libre

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Echappatoires ou  planches de salut

 

Incontestablement l’humanité prend conscience de l’inadéquation de son train de vie avec les possibilités qu’offre la planète. Mais le train lancé à grande vitesse sur ses rails ne peut ni franchir les aiguillages, ni s’arrêter d’un coup. La remise en cause des modèles de pensée, des modes de vie et des modes opératoires ne peut être que progressive, sauf à accepter des ruptures douloureuses, socialement et humainement insoutenables.

 Les mouvements écologistes les plus radicaux vont jusqu’à évoquer les solutions autoritaires, inspirées par les experts (faut-il craindre alors une gouvernance d’experts ?) et fondées sur leur propre analyse, faisant fi de ce que doit être une gouvernance démocratique de concertation et de consensus. Il est vrai que s’il y a urgence, l’inertie propre à l’exercice démocratique peut être légitimement dépassée et politiquement assumée. Mais y a-t-il un danger immédiat tel qu’il faille déclarer l’état d’urgence au risque de faire exploser l’anthroposphère ? 

 Pour certains, et c’est aujourd’hui la pensée dominante inspiratrice des politiques à travers le monde, la planche de salut est la maîtrise du développement (de la croissance plus que du développement) et l’endiguement de la crue démographique qui inonde des espaces de plus en plus vastes. Mais de quelle maîtrise s’agit-il et quel temps se donne-t-on ? Le concept de développement durable apparu au début des années 1990 est un compromis politiquement, économiquement et socialement acceptable par le plus grand nombre : la gauche, la droite, le monde économique, le peuple et bon nombre d’associations écologistes modérées. Mais ce concept, à bien y regarder, ne remet pas en cause la croissance, il entend seulement la limiter dans ce qu’elle a de plus problématique, en s’appuyant sur  les moyens existants que nous offre le système, c'est-à-dire l’économie de marché. Il s’agit d’annexer les questions environnementales au système économique global, de les y intégrer pour conforter ce qui existe, pour éviter l’opposition frontale entre deux conceptions.

Pour d’autres, la solution déjà évoquée plus haut, c’est le rééquilibrage des droits entre l’homme et la nature, l’un et l’autre étant sujets de droit au titre du vivant et dans une totale égalité. Il s’agit en pratique de réduire le droit dans le champ de l’anthroposphère au profit de la biosphère. Ce qui signifie, dans une certaine mesure, que l’activité humaine serait sous contrôle dans la limite de ce que la nature est en capacité (et en droit) d’accepter. Un droit qui en l’occurrence serait écrit selon les principes de l’écologie radicale. Dans cette hypothèse, on peut imaginer une sorte de guerre de civilisation (pour ne pas dire guerre civile écologique) entre les tenants de la radicalité et les tenants d’une société de consommation ou encore ceux qui auraient opté pour la voie moyenne du développement durable. 

Faute de trouver la voie parmi les deux propositions précédentes, je ne vois plus que deux échappatoires qui s’inscrivent dans le long terme, mais l’humanité prisonnière de sa planète pourra-t-elle attendre que la science et la technologie apportent des solutions salvatrices ?

La première échappatoire est intra terrestre ; elle consisterait à tirer l’énergie des forces de liaison qui résident en toute forme de matière. Nous ne savons aujourd’hui exploiter cette énergie que depuis les matières radioactives (celles qui libèrent naturellement leur énergie). On peut penser qu’un jour l’homme pourra tirer pleinement partie de cette énergie à partir d’autres matériels que l’uranium mais s’il le fait, il contribuera sur le très long terme à l’accélération de l’entropie c'est-à-dire à l’épuisement de la matière et de l’énergie qu’elle contient.   

La seconde échappatoire est extraterrestre et s’ouvre sur deux types de solutions.

L’une est déjà techniquement faisable mais largement perfectible ; il s’agit de l’énergie provenant du soleil dont le facteur limitant est d’ordre géographique et spatial mais on peut espérer que la technologie permettra un jour d’exploiter massivement cette ressource. On peut également imaginer de mieux capter cette énergie en instrumentalisant le phénomène naturel de la photosynthèse. L’amélioration du rendement au niveau des plantes alimentaires par exemple est envisageable mais aussi, pourquoi pas,  «l’industrialisation » du processus pour la production d’électricité.

L’autre, la conquête de l’espace extraterrestre, est encore du domaine de la science-fiction mais nous en connaissons les prémisses et l’on peut croire qu’un jour l’humanité pourra ainsi  trouver la place qui lui manque. En effet, l’humanité en expansion, jusqu’au début du 19ème siècle, a toujours bénéficié d’un ailleurs, d’une possibilité de renouvellement qui s’est manifestée par la découverte et la colonisation de nouveaux territoires dans notre monde terrestre. Or nous avons aujourd’hui épuisé tous nos espoirs territoriaux. Plus question de repousser les limites, nous avons fait le tour de la terre dans tous les sens ; il faut maintenant se serrer et partager.

L’humanité intelligente dans son monde intelligible a les cartes de sa destinée en main ; elle est en situation d’élaborer des stratégies gagnantes. Il ne s’agit surtout pas de jouer contre la nature mais avec elle. Le cheminement qui vraisemblablement s’imposera est le suivant : en premier lieu donner son vrai sens au développement durable et s’engager par la suite dans une politique mondiale de maîtrise de la croissance démographique et économique. Parallèlement, consacrer les plus gros efforts de recherche pour assurer une visibilité en matière énergétique et, pourquoi pas, travailler sur la perspective d’une émigration interplanétaire.      

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