Au fil de l’eau l’écume blanche brode le col de ta chemise;
Toi le Splendide, toi le noyé, noyau de pêche à la dérive
Qui trompe le pêcheur qui trempe un fil dans l’eau.
Pendant que sur la berge, un couple jeune et beau
File un amour si doux qu’un curieux corbeau,
En perd son chapeau noir, met le ciel en lambeaux
Les fibres de tes muscles s’étirent dans les remous
Tandis qu’un peu de mousse ourle ton sexe mou,
Toi le mort aquatique que mille insectes piquent.
Pendant que sur la rive des enfants pique-niquent
Et se baignent en riant dans un courant d’eau vive
La vie se donne fraîche aux envies des convives.
La rivière carnassière ne donne pas cher de ta peau,
L’eau claire charrie ta chaire, déchire tes oripeaux,
La trame de tes pensées et ce qui reste de ton âme.
Pendant que dans sa barque, abandonnant ses rames,
Un grand-père assoupi rêve aux charmes des dames,
Laissant le temps passer dans le détroit d’un bief.
Tel au gré des courants, aux regrets d’une veuve;
Tel autre franc rameur et seigneur du fleuve
Et tel autre qui croit être maître en son fief…
Alors qu’être maître est un état si bref.