La vie prend forme en toute chose ; Jusqu’au revers de nos paupières closes Ce qu’elle propose est tout en courbes. Les rondeurs qu’elle dessine Se lovent et se lavent dans la bassine Du temps après un bain pris dans la bourbe. Tout en nature, les corps...
Entre les vallons d'une campagne où le calme des prés dispute le silence aux gargouillis de la rivière, la route va et vient, comme le promeneur, tel celui qui marche et, regrettant d'avoir fait mouvement, rebrousse chemin. Retour vers la ligne de départ,...
Derrière l’épais rideau que tend la nuit, Dans les coulisses profondes de l’éternité, Même derrière la lanterne magique de ce théâtre d’ombres, Que sont les arbres et les hommes, Les oiseaux et les astres, Il y avait peut-être la grande âme de plomb,...
Je me souviens, Je crois que je n’existais pas encore Ou peut-être y avait-il déjà quelque chose de moi dans un coin de l’univers. Le monde était à l’envers Et moi, ni vivant, ni mort J’étais peu, presque rien, j’étais bien. L’obscurité était épaisse...
Les eaux noires et profondes où se fondent des mondes Sont rondes, et sous les ondes la terre chaude gronde. Les hommes se confondent en théories savantes Et leurs sciences fécondes inventent les suivantes. Des rides de jeunesse abondent au fond des mers;...
Le pauvre où s'endormir cherche un endroit; Sans nom, presque sans vie et sans adresse, Homeless. Le pauvre est malade, gauche et maladroit. Funeste maladresse, Il casse sa canne et tombe sur un mauvais jour; Les caresses de la vie vacillent autour de...
Le tourne vice: indispensable outil à mettre entre toutes les mains des usagers de la vie, des chercheurs de vertu. Vice versa, vice sans fin, vice président ... vice queue; le tourne vice s'impose à tous les humains qui bricolent, caracolent, cajolent,...
J’aurais aimé semer les mots, Souffler le pollen de mes phrases en fleurs, Regarder butiner les abeilles gourmandes Et de si peu de mots faire mon miel en silence. Pistil tendu, disponible et discret, Mon stylo si stérile fleurit pourtant mes rêves. Faute...
L’homme, roi de la Terre, des mers et des déserts Bouffe à vomir jusqu'au dessert, et se ressert. Chacun à sa façon fait et refait ses provisions, Et trop de chèques sans provision. La somme de tant d’excès, un choc ; C’est notre planète qu’on assomme....
Ah tous ces dieux qui se bouchent les yeux! Miséricorde. Et sous les cieux, des archers faisant flèches de tout bois Des animaux, femmes et enfants, mammifères aux abois, Mélangent leurs souffrances en une fin polie. Alors qu’une trompe a sonné l’hallali,...
Alors que je marchais le soleil dans mon dos Déplaçant sur la route mes muscles et mes os, La poussière poudrait ma figure tannée. Il y avait tant d'années Enclavées dans mes pas, Tant d'espaces esclaves, que je ne savais pas Où aller librement sans risquer...
La mort brandit sa faux Sappho, son clitoris Faux phallus contrit D’avoir si peu fleuri. Tandis que Cupidon Bandait son petit arc, Archanges et diablotins Flirtaient dans les chardons. Eros et Thanatos se faisant face à face, Improbables amants et pourtant...
Que de lumières fécondes dans les doux yeux De ceux qui n’ont pour horizon que la distance à Dieu ! Ils sont à des folies-lumière de toute planète d’existence Alors qu’une moisson d’étoiles atteste leur présence. Que de prières rondes dans l’azur des...
Dans mon poing, le bruit retenu Quand le silence est une absence Et que le printemps revenu Promet au monde des romances. L’hiver à terme parvenu, Mars le pousse à la renverse Et les oiseaux sous les averses Pépient sans fin, bec menu. L’été se prend...
regardes bien droit devant toi, tu vois que tout est de travers, il n'y a plus d'été, plus d'hiver; dans le coeur des hommes il fait froid. la Terre peut-elle tourner sans toi, peut-elle tourner sans foi ni loi ? jouer la vie au jeu de l'oie perdre un...
A perdre haleine, la course débridée Se casse à mordre la poussière Qui rougeoie sous les pas des chevaux. Caracolent toutes les présences Torturées, clouées sur les portes des granges Et le noir des oiseaux qui dérange La foi des hommes et l’humaine...
Avant les moulins à vent, il y avait les hommes qui respiraient et les oiseaux qui s'envolaient. L'air n'avait rien à faire qu'à transporter les anges et les parfums des fleurs. Il y avait des vents de tout poil qui n'avaient à décoiffer que des monts...
Après les moulins à vent il ne reste plus que des tempêtes. Le vent n’ayant plus d’ailes à faire tourner ne sait plus quoi faire pour s’épuiser. Il ne lui reste que les tonsures à décoiffer et les jambes des filles qu’il caresse à la dérobée. Et quand...
Au fil de l’eau l’écume blanche brode le col de ta chemise; Toi le Splendide, toi le noyé, noyau de pêche à la dérive Qui trompe le pêcheur qui trempe un fil dans l’eau. Pendant que sur la berge, un couple jeune et beau File un amour si doux qu’un curieux...
Gratuites les étoiles dans les yeux d'un enfant ... A des années lumière de l'homme Qui compte les éclats d'un diamant, Qui vend l'âme d'une pierre. Poussières argentées dans la queue des comètes Comme une caresse féline sous le ventre de l'univers, A...
Tremble d’amour dans le ciel venté Ma feuille de vie au ventre argenté; Un arbre; où sont les racines du temps ? Bois blanc de mes vingt ans Tu peux plier sous mon étreinte. Le petit pont de bois tout rond sur la rivière L’enjambe et la traverse tout...
Les belles nuits toujours plus rondes Alors que ciel et mer se confondent Fleurissaient sur le ventre des ondes M'offrant leurs mamelles fécondes... Et je me nourissais au biberon Que me tendait la voie lactée. La monde, à peine fut-il enfanté, S'est...
Forme improbable d'existence indécise Une sorte d'humain humait l'humus, nez contre terre, Comme une bête. L'homme n'avait qu'un nez et n'avait pas de tête. Ne sachant pas qu'autour de lui planaient l'azur et ses éthers, Il se traînait, rompu de fatigue...
Le cœur de celui-là transpire des perles d’amour, Le cœur de celui-ci respire un oxygène rare Qui vivifie les nuits, les aurores et les jours De ceux qui vont mourir trop tard. Le cœur de celui-ci devenu sec comme un vieil os Appelle les sources et la...
Y-a-t-il un sens à la marche du crabe ? Demanda le petit prince. Pince moi l'oeil, répondit l'aveugle. Can I do it ? Fit la petite anglaise, rouge de plaisir; Puis elle plongea son doigt Dans la casserole d'eau bouillante. Alors, l'aveugle retrouva la...